Philippe II au prince d’Orange et aux comtes d’Egmont et
de Hornes
Source: Louis-Prosper Gachard,
Correspondance de Guillaume le Taciturne, tome I, Nr. CCCXXXVIII, pp.
41-42
Il répond à leur lettre du 11 mars. – Il n’y a pas trouvé
de raisons particulières pour faire le changement qu’ils demandent. – Il désire
que l’un d’eux se rende à Madrid, afin de lui rendre un compte particulier de
cette affaire.
Madrid, 6 juin 1563
Mes cousins, j’ay receu vos lettres de l’onziesme de mars
dernier, du contenu èsquelles ne faiz répétition par cestes, comme je vous tiens
recors. Et, pour responce, je sçais que ce que vous me remonstrez procède du bon
zèle et affection que vous avez à mon service, dont j’ay assez de l’expérience
par le passé: mais, aiant bien considéré tout le contenu en vosdictes lettres,
je ne vois que vous n’exprimiez aucune cause particulière qui vous pourroit
mouvoir à estre d’advis que je deusse faire le changement que vous m’escripvez.
Et, oires que, avec l’ayde de Dieu, mon intention soit, dans brief, et aussitost
que la disposition de mes affaires m’en donnera le moyen, me trouver en mes
Pays-Bas, que lors pourray personnellement voir et cognoistre ce que s’en
offrira, et remédier le tout par ma présence, toutesfois, pour le dilay qu’il y
a, et que je désire bien l’entendre clèrement et particulièrement , ce me seroit
plaisir que quelcung de vous trois se trouvast devers moy, pour me donner compte
et raison particulière de cest affaire, selon que vous entendez l’importance
d’icelle le requérir, et de tant plus que, par escript, je crois que ne vous
pourriez si parfaitement expliquer vos intentions, comme pour la qualité de la
chose seroit requis, ny moy redemander et enquérir sur icelles, pour demeurer
aussi, de ma part, si bien informé comme il conviendroit pour y prendre
résolution: car ce n’est ma coustume de grever aucuns de mes ministres sans
cause. A tant, etc. De Madrid, le 6 juin 1563.