Marguerite de Parme envoit les provinces un extrait des
lettres de Philippe II du Bois de Segovie
Margaretha van Parma stuurt de provincies een uittreksel van
de brieven van Filips II uit het Bos van Segovia
12 oktober 1565
Extraits des dernières lettres et escrits envoyez par le Roy,
à Madame la duchesse, avec la dernière dépesche, concernant le faict de la
religion.
Premièrement, quant aulx placcarts et ordonnances, tant
vieilles que nouvelles, sur ledict faict de la religion, que ayant Sa Majesté
entendu l’estat, auquel se retrouvent les affaires de la religion par deçà, il
ne convient faire, quant ausdicts placcarts et ordonnances, aucun changement,
ains que lesdicts placcarts de feu la Majesté Impériale et ceux de sadicte
Majesté soyent exécutez. Et s’apperçoit Sa Majesté la cause du mal qu’il y a eu,
et de ce qu’il soit ainsi augmenté et passé si avant, ait esté par la négligence,
flocheté et dissimulation des juges. Et que s’il y a quelques juges qui ne les
osent, ou ne les veuillent exécuter, pour craincte de quelque tumulte, que l’on
advise Sa Majesté, à fin qu’elle y pourvoye d’autres, de plus de coeur et de
meilleur zèle à ladite exécution, dont l’on ne doit estre en faute esdicts pays,
où y a tant de catholicques, et désireus du service divin et de Sa Majesté, et
que faisant cecy, et se exécutans lesdicts placcarts, il est à espérer que l’on
remédiera mieux et plus briefvement au dommage qu’il y a, que non par autre voye.
Pour le second: Quant à ce qui touche les inquisiteurs de la foy, Sa
Majesté encharge à Son Altesse, de tenir la main que lesdicts inquisiteurs
soyent favorisez en ce qui touche l’exercice et administration de leur charge,
estant ce que convient au bien et sustentation de la religion, estant
l’intention de Sa Majesté, que ladicte inquisition se face par lesdicts
inquisiteurs, comme elle s’est faicte jusques à maintenant, et comme leur
appartient par droicts divins et humains, et que cecy n’est chose nouvelle,
puisqu’elle a tousjours esté faicte ainsi du temps de feu la Majesté Impériale
et du sien, estans les inconvéniens qui se craindent, trop plus apparens, plus
voisins, et plus grands, où l’on laissast de pourveoir par lesdicts inquisiteurs,
ce qui convient à leur office, et l’on ne les y assistast. Et puis que Son
Altesse voyoit ce que cecy importe, Sa Majesté l’en charge, tant qu’elle peult,
d’y faire, ce que tant y est nécessaire, et qu’elle ne consente, que l’on y
traicte d’autre chose, sçachant Son Altesse, combien Sa Majesté l’a à coeur, et
le plaisir et contentement que ce luy sera.
Pour le troisiesme: Sa Majesté ordonne à Son Altesse, que puis que
le sainct concile de Trente estoit jà publié, qu’il ne reste sinon que en ce qui
touche l’exécution qui concerne aus évesques, Son Altesse leur face donner tout
adresse et assistence possible, à fin qu’elle s’effectue comme il convient.
Aussi que l’on exécute ce que ledict concile de Trente ordonne, quant à la
réformation de la vie et moeurs des ecclésiasticques, enchargeant Sa Majesté,
tant à Son Altesse, que aux officiers de sadicte Majesté, de y donner toute la
faveur et chaleur que besoing sera, et que en cas il fut requis, que du costé de
Sa Majesté s’y donne quelque provision, icelle la fera depescher incontinent,
mesmes où les gens d’église ne voulussent obéyr à la réformation à faire par les
évesques, conforme à la décrétation dudict concile de Trente.
Et pour conclusion, que ce que Sa Majesté escrit à Son Altesse,
comme dist est cy dessus, est ce qui convient au bien de la religion, et des
païs de par deçà, qui ne vaudroient riens sans icelle, et que cecy est la voye
pour les pouvoir conserver en justice, paix et tranquillité. Et puis que Son
Altesse voit ce qu’il importe, Sa Majesté la requiert de rechief de suyvre le
chemin, par où ce que dessus se puisse effectuer, et que ce sera la chose où Sa
Majesté pourra recevoir plus de contentement, tant de Son Altesse, que des
seigneurs estans chez elle, ausquels Son Altesse doit encharger les mesme, afin
qu’ils s’y employent, comme Sa Majesté se confie, qu’ils ne faudront, sçachant
le contentement, qu’ils donneront à icelle, outre ce qu’ils y feront le devoir
de personnages tels qu’ils sont, et selon l’obligation qu’ils ont au service de
Dieu, et de Sa Majesté, et au bien universel des païs de par deçà, et
d’eus-mesmes en particulier.
Marguerite, par la grâce de Dieu, duchesse de
Parme et de Plaisance, etc., régente et gouvernante.
Très-chiers et bien aimez, combien que dès le commencement
du régime du Roy, mon seigneur, des païs de par deçà, tant par le renouvellement
et publication des placcarts et ordonnances de feu de très-haute mémoire
l’empereur Charles mon seigneur, (que Dieu ait en sa gloire) sur le faict de la
religion, ratifiez et confirmez par Sa Majesté Royale, que de ce que depuis vous
en a esté escrit par icelle, mesmes à son dernier partement de ce cesdicts païs,
pour ses royaumes d’Espaigne, vous avez tousjours peu cognoistre le bon zèle et
très saincte affection de sadicte Majesté, à la conservation de nostre ancienne
vraye foy, et religion catholicque, et à l’extirpation de toutes sectes et
hérésies en cesdicts païs de par deçà: ce néantmoins, comme il a pleu à sadicte
Majesté, pour certaines occasions, nous refraischir sa très saincte intention
par ses lettres dernières, nous vous avons, par expresse charge d’icelle, bien
voulu représenter, ce qu’elle nous en a escrit, qui est en effect:
Que ne
désirant Sa Majesté riens plus, que la conservation de ladicte religion, et de
ses bons subjects de par deçà, en bonne tranquillité, paix, union, et concorde,
et les préserver des inconvéniens que l’on a veu advenir en plusieurs endroicts
de la chrestienté, pour le changement de ladicte religion: sadicte Majesté veut
et entend, que lesdicts placcarts et ordonnances de feu Sa Majesté Impériale et
les siens, se gardent et observent entièrement, comme aussi est l’intention de
sadicte Majesté, de faire bien et estroictement observer ce qui est statué par
le saint concile de Trente, et les synodes provinciaux mesmes quant à la
réformation du clergé, sans en rien contrevenir, à fin que se punissans les
hérésies, les moeurs soyent aussi corrigées, aussi que l’on donne toute faveur
et assistence aux inquisiteurs de la foy, en l’exercice de leurs offices, et que
l’inquisition se face par lesdicts inquisiteurs, comme elle s’est faicte jusques
à maintenant, et comme leur appartient par droicts divins et humains, ce que Sa
Majesté aussi expressément commande par sesdictes lettres. Et suyvant ceste
rescription de sadicte Majesté et pour obéyr à icelle, en chose tant saincte et
favorable, et n’avons peu obmettre, vous escrire ceste, pour vous prier,
requérir, et de la part de sadicte Majesté ordonner bien expressément, de vous
reigler et conduire en cecy, selon l’ordonnance de sadicte Majesté, sans
contrevenir en aucun poinct ou article, et que le mesme vous faictes entendre
aux officiers, et ceulx dela loy des principales villes du pays et duché de
Brabant, à fin de selon ce, eulx reigler, sans dissimulation ou connivence, sous
les peines contenues esdicts placcarts. Et pour tant mieux y pouvoir entendre,
vous commettez et députez ung conseillier de vostre collège (lequel toutesfois
se pourra changer de demy an, en demy an afin qu’ung seul n’en soit tousjours
chargé) qui ne face aultre chose, sinon d’avoir regard audict pays de Brabant
sur l’observance des décrets dudict sainct concile, et vous advertisse tousjours
de ce qui s’offrira pour y pourveoir selon l’intention de sadicte Majesté. Et à
ce que nous puissions tousjours sçavoir l’Estat de ladicte religion, quant à ce
que dessus.
Nous désirons
et vous ordonnons, comme dessus, que de trois mois en trois mois, nous en
escriviez bien particulièrement, le succèz, prenans (en cas de difficulté)
vostre recours devers nous, ou ceulx du conseil privé de sadicte Majesté, pour
nous en estre faict rapport, là où pareillement commettrons quelque conseillier,
qui en portera soing particulièrement, et tiendra correspondence avec vous, et
celuy, qui par vous sera commis. Et à fin que surtout ce que dessus, vous
puissiez tant mieux veoir l’expresse volonté de sadicte Majesté, nous avons
faict joindre à cestes, les poincts des lettres et aultres escripts de sadicte
Majesté, concernans ceste matière, pour selon la forme et teneur d’iceux, vous
reigler et conduire, sans y faire faute. A tant, très chers et bien aimez,
nostre seigneur vous ait en sa saincte garde.
Escripts à Bruxelles le 18e jour de décembre 1565, H.V. Soubz estoit
escript: Margarita. Et plus bas signé d’Overloepe. Sur le dos estoist encoire
escript: A nos très chiers et bien aymez, les chancelier et gens du conseil du
Roy, en Brabant.
D’après: C. Rahlenbeck (éd.), Mémoires de Jacques de
Wesenbeke (Bruxelles, La Haye, 1859) 323-327.